Le Figaro Culture - July 15, 2023

Une baleine sur le toit d’un musée pour sensibiliser à l’urgence climatique

Par Mathilde Barat

Publié le 15/07/2023 à 07:00, mis à jour le 04/08/2023 à 09:09

La carcasse en acier repose sur les deux derniers étages en cours de construction, destinés à accueillir les bureaux du bâtiment.
Musée Mer Marine de Bordeaux

À Bordeaux, le Musée Mer Marine a installé la sculpture en inox de l’artiste Philippe Pasqua afin d’alerter sur les problématiques du milieu marin et la nécessité de la protection des océans.

Au Musée Mer Marine de Bordeaux, les visiteurs sont accueillis par un requin à la gueule grande ouverte. Quelques pas en arrière et la tête levée, ils peuvent également se laisser surprendre par l’imposant squelette d’une baleine qui gît sur le toit-terrasse. Le musée a installé la sculpture en inox, signée de l’artiste Philippe Pasqua, afin d’alerter sur l’urgence à la protection des océans. «Nous voulons attirer le regard sur les problématiques des océans et de ses habitants, rapporte à Sud Ouest Norbert Fradin, fondateur du musée. En installant une œuvre d'art sur un toit, on interroge, on questionne, peut-être dérange-t-on aussi un peu... L'important reste que l'on passe un message, en l'occurrence celui de la protection des océans, de la faune et de la flore». La carcasse en acier repose sur les deux derniers étages en cours de construction, destinés à accueillir les bureaux du bâtiment. Les curieux peuvent l’apercevoir depuis les Bassins à Flot.

Les dégâts causés par le plastique

À lire aussi«L'ennemi de l'écologie, c'est le carbone, pas la voiture»

Le musée privé présente depuis le 8 juin l’exposition «Planet or plastic», en collaboration avec National Geographic. L’espace temporaire retrace l’histoire du matériau depuis son invention ainsi que les problématiques liées à sa consommation. Également mises en lumière, les innovations et les solutions qui pallient l’urgence climatique. «Cette quatrième œuvre de Philippe Pasqua dans le musée alerte davantage et de manière plus visible depuis l’extérieur sur les problématiques du milieu marin. La sculpture du requin à l’entrée du musée, précise à Sud Ouest le fondateur du musée, dénonce les pratiques de mutilation de ces espèces à qui on coupe l’aileron pour le commerce et qui finissent par mourir. À l’intérieur du musée, la gueule de mégalodon raconte l’histoire d’une espèce disparue qui vivait dans notre région. Juste à côté, l’artiste expose un conteneur de méduses en verre, pointant l’envahissement de cette espèce lié à la pollution des eaux».

En présentant la silhouette décharnée de la baleine, le Musée Mer Marine avertit sur l’empreinte plastique laissée par l’homme dans les océans. En 2023, entre 75 et 200 millions de tonnes de plastiques se trouveraient dans l’océan. Ces déchets peuvent subsister dans les eaux des dizaines d’années avant de se dégrader. Ils polluent les espaces marins, et de surcroît, perturbent les espèces qui y vivent.

Les visiteurs peuvent apercevoir la baleine depuis les Bassins à Flot. Musée Mer Marine de Bordeaux

«Il faut alerter, mais passer par l’émotion est plus efficace. Expliquer que les poissons ingurgitent du plastique, et par conséquent nous aussi, c’est bien mais cela touche moins que si on utilise comme vecteur le symbole d’un animal aussi majestueux qu’une baleine», précise Norbert Fradin à Sud Ouest. Par ailleurs, la sculpture du cétacé est innomée. Selon Philippe Pasca, cette initiative «laisse une certaine liberté de penser. Personne n'est aiguillé, chacun se fait sa propre interprétation du sujet sans être influencé».

«J’aime beaucoup le travail de Pasca, déclare à Sud Ouest le directeur du MMM. Il a du talent, il est engagé pour la préservation de l’environnement. Ses sculptures monumentales, de même que ses peintures, sont généreuses et donnent à ses œuvres un côté franc, son message s’impose. Esthétiquement, j’aime ce côté brut et épuré». Sensible à la cause écologique, il a exposé ses travaux dans le monde entier : à la Fondation Ahlers en Allemagne en 2009, à la Patrick Painter Gallery à Los Angeles, à la Gallery 604 en Corée, ou encore au Musée océanique de Monaco en 2017.

To access the article, please click here

Previous
Previous

ID Mag #26 - November 3, 2023

Next
Next

LOBBY 59 - June 2023